Le stress, dans sa vision populaire, trouverait sa source dans notre tête. En contrôlant nos pensées nous serions alors moins stressés. Et c’est peut être aussi ce que vous vous dites. Votre entourage n’aide pas en vous disant “déstresse”, “arrête de penser à tout ça”, “ça sert à rien de te mettre dans tous ses états”. On vous conseille la méditation, le yoga, le sport, la respiration… ça fonctionne parfois sur l’instant mais rien de durable. Bien qu’il y ait une composante émotionnelle et mentale dans le stress, elle n’est pas toujours la première ou l’unique source de celui-ci.
Vous trouverez dans cet article 6 causes qui peuvent influer sur la réponse du stress sans que cela viennent uniquement de vos pensées ou de votre état émotionnel.
Vous vous sentez stressé, anxieux, sur les nerfs, irritable : votre corps a un message pour vous. Lequel ? Tout dépend de votre situation. Le stress est une réponse du corps face à un agent mettant en péril votre intégrité. Le stress est un signal d’alerte et de mobilisation de vos ressources pour préserver votre vie. Lorsqu’il y a déséquilibre entre les exigences d’une situation et les ressources disponibles pour y faire face, que celles-ci soient physiologiques ou émotionnelles, la réponse de stress s’active. Qu’est-ce qui peut activer cette réponse en dehors des événements et de nos pensées ?
Vous n’écoutez pas vos besoins primaires (boire, aller aux toilettes, bouger)
Nous avons tous des besoins primaires parmi lesquels boire, manger, aller aux toilettes, respirer, bouger. Le simple fait de ne pas écouter les signaux de notre corps peut influer sur notre humeur et activer la réponse de stress. Après tout, avez-vous déjà vu l’humeur massacrante de certains de vos amis quand ils ont faims ?
Une action simple pour diminuer le stress, revenez à vos sensations corporelles : avez-vous soif, avez-vous envie d’aller aux toilettes, avez-vous envie de changer de position, de bouger ? Et surtout ne reportez pas trop longtemps la satisfaction de ce besoin… Plus tard… parce que vous devez finir cette tâche (ne seriez-vous pas plus efficace si vous avez pris soin de votre corps?). Remettre à plus tard parce que vous êtes en retard… Plus tard finit par être trop tard (vous êtes crispé.e, bloqué.e, désyhdraté.e….)
Vous êtes influencés par votre posture.
Il est fréquent aujourd’hui de rester assis pour travailler ou dans une même position. Or la manière dont votre corps se positionne influe sur votre humeur et vos pensées (Koenig et al, 2021). Ainsi par exemple, observez si vos épaules ne sont pas enroulées vers l’avant. Une position maintenue renfermée ne laisse pas la place à une respiration complète. Cela peut venir activer le stress dans votre corps. Faites le test inverse: posez les mains sur les hanches, ouvrez votre cage thoracique et constatez la différence que vous percevez au bout de quelques cycles respiratoires : comment respirez-vous? comment vous sentez-vous?
Vous avez des troubles digestifs
L’intestin est notre deuxième cerveau, son microbiote gouverne notre cerveau (Riché D., 2022). Un déséquilibre du microbiote, une maladie inflammatoire de l’intestin, une mauvaise digestion peuvent venir générer ou augmenter le stress. L’information inconsciente transmise au cerveau signalant ce qu’il se passe à l’intérieur de votre ventre et le langage de notre microbiote. Consulter un spécialiste pour vos troubles digestifs, c’est aussi consulter pour votre bien être psychologique.
Vous consommez beaucoup de sucres.
Selon l’OMS, la recommandation est de ne pas dépasser 25g de sucre par jour, en particulier les sucres libres. Or ces sucres ne se trouvent pas que dans les desserts, mais aussi dans les boissons (cocktail de fruit, sodas, boissons alcoolisées) et les plats préparés industriellement! La consommation excessive de sucre peut générer de nombreux troubles liés à l’anxiété et la dépression en plus d’autres problèmes sur le plan physique. Cette consommation crée aussi une forme de dépendance qu’il n’est pas facile de reconnaître, c’est pourtant un premier pas : observez-vous cette semaine: à quels moments cédez-vous aux sirènes du sucre ? N’auriez-vous pas un autre moyen de vous faire plaisir ? Quel est votre véritable besoin ? Au final, combien de sucre avez-vous avalé sur la période ? Le sevrage du sucre est un défi. Mais prendre conscience des sucres cachés permet de revenir à une consommation en conscience des aliments transformés, c’est déjà un premier pas.
Vous avez des apport nutritifs déséquilibrés
Savez-vous que l’on voit resurgir des cas de scorbut ? Il est possible de vous souffriez de malnutrition si votre alimentation n’est pas suffisamment diversifiée ou carrément déséquilibrée. Comme en cas de maladie, vous pourriez souffrir de carences nutritionnelles ou d’apport trop élevé de certains nutriments. Le corps a besoin de vitamines, minéraux et oligoéléments pour fonctionner mais s’il manque ou a trop de ressources, il peut se retrouver en stress physiologique. Il n’a pas les ressources nécessaires pour faire face et métaboliser. Le principal des nutriments sera utilisé pour pallier ce stress ou ces carences et ne permettra pas toujours de construire les hormones de la bonne humeur. Ces bilans de nutriments et de nutrition peuvent se faire avec votre médecin ou avec un nutritionniste qui saura vous conseiller selon votre situation. (Aucoin et al, 2021)
Vous n’arrivez plus à vous détendre
Le système nerveux est le système qui transmet et reçoit les messages sensitifs et moteurs de notre corps et du cerveau. Ainsi il permet de répondre aux événements de manière adaptée. On parle souvent de lui pour les réponses de combat, fuite ou figement (Porge S., 2022). Ces réponses en raison de traumatismes peuvent ne pas réussir à se réguler et donc nous bloquer dans des réponses excessives d’anxiété, de nervosité ou de figement.
Nous ne sommes pas toujours conscients du stress ou de l’anxiété qui habite notre corps, pour prendre conscience de votre niveau d’anxiété, vous pouvez faire le test : Evaluez votre niveau d’anxiété.
Cet état de dérégulation rend la détente et la sérénité moins accessibles et crée un cercle vicieux. La régulation du système nerveux et une thérapie adaptée permettront de sortir de ces réponses et de renouer un lien plus vertueux avec vous-même et votre corps.
Le stress réside aussi dans le corps
Le stress n’est pas généré uniquement par votre mental. Plusieurs facteurs sont générateurs de stress comme l’alimentation, votre histoire personnelle, l’environnement. Il est important d’envisager une approche pluridisciplinaire afin que vous soyez accompagné au mieux pour renouer avec votre corps et votre sérénité. Il n’y a parfois pas qu’une cause mais plusieurs. Tout comme l’énigme de « qui de l’œuf ou de la poule apparaît avant ? « , nous ne savons pas toujours si c’est le stress qui crée nos symptômes ou nos symptômes qui vont générer du stress chronique. Les deux vont parfois s’entre-alimenter. Vous avez ici 6 pistes en plus de la cause émotionnelle et mentale à explorer pour ne plus solutionner votre stress qu’avec votre tête mais aussi avec votre corps.
Pour aller plus loin
- Aucoin, M., LaChance, L., Naidoo, U., Remy, D., Shekdar, T., Sayar, N., Cardozo, V., Rawana, T., Chan, I., & Cooley, K. (2021). Diet and anxiety: A scoping review. Nutrients, 13(12), 4418. https://doi.org/10.3390/nu13124418
- Halbreich, U. (2021). Stress-related physical and mental disorders: A new paradigm. BJPsych Advances, 27(3), 145-152. https://doi.org/10.1192/bja.2021.1
- Jacques, A., Chaaya, N., Beecher, K., Aoun Ali, S., Belmer, A., & Bartlett, S. (2019). The impact of sugar consumption on stress-driven, emotional, and addictive behaviors. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 103, 178-199. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2019.05.021
- Knüppel, A., Shipley, M. J., Llewellyn, C. H., & Brunner, E. J. (2017). Sugar intake from sweet food and beverages, common mental disorder and depression: Prospective findings from the Whitehall II study. Scientific Reports, 7(1), 6287. https://doi.org/10.1038/s41598-017-05649-7
- Koenig, J., Jarczok, M. N., Warth, M., Ellis, R. J., Bach, C., & Thayer, J. F. (2021). Using bodily postures to reduce anxiety and improve interoception: A comparison between powerful and neutral poses. PLOS ONE, 16(3), e0248474. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0248474
- Porges, S. W. (2022) Théorie polyvagale et sentiment de sécurité : Enjeux et solutions thérapeutiques. EDP Sciences.
- Riché, D. (2018). Comment le microbiote gouverne votre cerveau ? Paris: Éditions de l’Homme.
- World Health Organization. (2015). WHO calls on countries to reduce sugars intake among adults and children. Retrieved from https://www.who.int/fr/news/item/04-03-2015-who-calls-on-countries-to-reduce-sugars-intake-among-adults-and-children