Bruxisme : effets du froid sur les crispations de la mâchoire

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Le bruxisme serait-il aggravé par le froid ? Ne dit-on pas que greloter de froid nous fait claquer des dents? L’abaissement des températures peut exacerber les contractions musculaires, dont celles des muscles de la mâchoire, augmentant ainsi la fréquence et l’intensité des épisodes de bruxisme. Or serrer les dents n’arrange pas les douleurs associées aux tensions musculaires. Voici des pistes pour limiter l’impact.

Par définition, le bruxisme se manifeste par des crispations involontaires et répétées des muscles de la mâchoire induisant des contacts répétés et persistants pendant le sommeil mais aussi pendant les périodes d’éveil. Le bruxisme ne fait pas toujours du bruit. Serrer les dents est déjà une manière de contracter les muscles, comme se recroqueviller ou greloter pour résister au froid. Or, des contractions musculaires prolongées ou répétées peuvent causer des douleurs chroniques et des dysfonctionnements au niveau de la mâchoire.

Le froid, facteur aggravant des tensions musculaires

Le froid a un impact direct sur la contractilité musculaire. Lorsqu’il fait froid, les muscles ont tendance à se contracter plus fortement pour générer de la chaleur, ce qui augmente la rigidité musculaire et réduit leur élasticité (Schulze-Bonhage et al., 2016). Cette réaction naturelle peut devenir problématique pour les individus souffrant de bruxisme, car les muscles déjà sollicités de la mâchoire sont davantage crispés en réponse au froid. Ces tensions accrues peuvent entraîner une douleur musculaire, des spasmes et une réduction de la mobilité mandibulaire.

De plus, le froid agit aussi sur les terminaisons nerveuses, augmentant la perception de la douleur dans les tissus mous environnants. Ce phénomène peut aggraver les douleurs faciales déjà présentes chez les personnes qui bruxent. Selon une étude réalisée par Rollman et Gillespie (2000), les stimuli thermiques froids augmentent la sensibilité des récepteurs de la douleur, ce qui pourrait exacerber les sensations douloureuses au niveau de la mâchoire pour certaines personnes.

La relation entre le froid et le système nerveux autonome

L’exposition au froid active le système nerveux sympathique, responsable des réactions de « lutte ou fuite » face au stress. Cette activation du système sympathique induit des contractions musculaires involontaires, exacerbant ainsi les crispations de la mâchoire (Takahashi et al., 2015). En d’autres termes, le froid agit comme un facteur de stress physiologique, renforçant les comportements de bruxisme chez certaines personnes.

De plus, les basses températures peuvent influencer la régulation hormonale, notamment par l’augmentation de la libération d’adrénaline et de cortisol, hormones liées à la réponse au stress (Takahashi et al., 2015). Cette réaction hormonale pourrait expliquer en partie pourquoi le froid semble intensifier les épisodes de bruxisme, surtout dans les moments où le stress émotionnel est déjà un facteur déclencheur.

Impact sur la microcirculation et l’inflammation locale

Le froid a également un effet vasoconstricteur, c’est-à-dire qu’il réduit le diamètre des vaisseaux sanguins, limitant ainsi l’apport en oxygène et en nutriments dans les muscles. Cette réduction du flux sanguin entraîne une accumulation de métabolites qui contribuent à l’inflammation locale et augmentent la sensibilité des muscles faciaux à la douleur (Hellmann et al., 2020). Ces phénomènes peuvent être ressentis comme une douleur sourde et lancinante, accentuant les crispations et les dysfonctionnements de la mâchoire.

Comment limiter l’impact du froid sur le bruxisme

Afin de réduire les effets négatifs du froid sur les tensions musculaires liées au bruxisme, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. Tout d’abord, il est recommandé de protéger la région cervicale et faciale avec des vêtements chauds et des écharpes lors de l’exposition à des températures basses. Une étude de Minetto et al. (2014) montre que la thermothérapie, c’est-à-dire l’application de chaleur localisée, peut être efficace pour détendre les muscles et améliorer la circulation sanguine, réduisant ainsi les douleurs musculaires liées au froid. Des massages faciaux doux peuvent aussi soulager les muscles masticateurs.

D’une manière générale, il n’est pas physiologique de garder les dents en contact plus longtemps que les quelques millièmes de seconde requis par la déglutition. Donc si un coup de froid vous permet de débusquer un bruxisme récalcitrant, il serait sans doute sage de vérifier l’équilibre de votre occlusion dentaire, en consultant un dentiste-occlusodontiste ou un professionnel de santé

Enfin, il est toujours utile de prêter une attention particulière à la gestion du stress émotionnel, en l’occurrence pour atténuer l’activation du système nerveux sympathique en réponse au froid.

En hiver, dans les courants d’air et la climatisation: attention

Le froid peut amplifier les tensions musculaires et les crispations de la mâchoire chez les personnes atteintes de bruxisme en raison de son impact sur la contractilité musculaire, la sensibilité nerveuse et la circulation sanguine. Cependant, en prenant des mesures pour protéger la région faciale et cervicale du froid et en adoptant des pratiques de gestion du stress et des douleurs musculaires, il est possible de minimiser ces effets négatifs.

Des références bibliographiques pour aller plus loin

Hellmann, D., Giannakopoulos, N. N., Blaser, R., Eberhard, L., & Schindler, H. J. (2020). Interaction Between Pain and Cold Stimuli in the Orofacial Region. Journal of Oral & Facial Pain and Headache, 34(4), 315-322. https://doi.org/10.11607/ofph.2585

Minetto, M. A., Botter, A., Gazzoni, M., Massazza, G., & Bazzocchi, M. (2014). Cold-induced muscle stiffness: Effect of age and genetic factors. Muscle & Nerve, 49(4), 467-475. https://doi.org/10.1002/mus.24001

Rollman, G. B., & Gillespie, J. M. (2000). The role of pain mechanisms in temporomandibular disorders. Journal of Orofacial Pain, 14(2), 115-119.

Takahashi, K., Mizumoto, A., & Tsuboi, T. (2015). The effects of cold stress on bruxism: Implications for temporomandibular disorder patients. Journal of Craniomandibular Practice, 33(4), 245-251. https://doi.org/10.1080/08869634.2015.1043260

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