Soulager rapidement les personnes qui souffrent d’un Trouble Obsessionnel-Compulsif c’est possible. La Thérapie brève systémique et stratégique propose une approche non stigmatisante qui peut aider la personne concernée, directement ou indirectement via les proches.
Le TOC affecterait environ 1 à 4 % de la population mondiale et peut gravement altérer le fonctionnement quotidien, entraînant des coûts personnels, sociaux et économiques substantiels (Pietrabissa et al., 2016). Le TOC apparait dans la littérature psychiatrique (DSM) comme un trouble mental chronique et débilitant. Mais que sait-on du problème ?
Le trouble obsessionnel compulsif s’exprime par une séquence de pensées et d’actions qui s’enclenchent de façon irrépressible. Les symptômes du TOC incluent le plus souvent des pensées répétitives et intrusives, des obsessions générant de l’angoisse et déclenchant une sorte de scénario rigide, des comportements compulsifs destinés à atténuer l’angoisse. Par exemple : se laver compulsivement les mains, vérifier indéfiniment la fermeture d’une porte… Ces symptômes peuvent varier en intensité et en fréquence. Ce qui pourrait avoir commencer comme une habitude scrupuleuse, devient un problème quand le scénario répétitif interfère avec les activités quotidiennes de la personne concernée et/ou perturbe la vie des proches. Par exemple lorsque les parents sont recrutés pour participer au scénario.
La reconnaissance précoce des signes du TOC permet une intervention plus rapide et potentiellement plus efficace (Ruggiero et al., 2016).
TOC : traiter sans stigmatisation
Parmi les tentatives de solution, certaines approches thérapeutiques du TOC peuvent renforcer la stigmatisation et la pathologisation des patients. Elles sont basées sur la représentation du TOC comme un trouble mental. Les traitements prescrits incluent alors la pharmacothérapie avec des antidépresseurs et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), en particulier l’Exposition avec Prévention de la Réponse (ERP). Bien que ces traitements puissent être efficaces dans certains cas, ils ne sont pas toujours adaptés. Ainsi, la TCC peut réduire les symptômes chez de nombreux patients, mais environ 25 % abandonnent en raison de la nature anxiogène de la thérapie, et seulement 25 à 40 % obtiennent une rémission complète (Pietrabissa et al., 2016). De plus, l’utilisation à long terme de la pharmacothérapie comporte des risques d’effets indésirables et d’impacts résiduels (Ruggiero et al., 2016).
La Thérapie Brève Systémique Stratégique (TBS) s’inscrit dans une conception différente du TOC. Le rituel ou le scénario répond d’abord à logique de soulagement. Logique paradoxale puisque le soulagement n’étant pas durable, la personne augmente la fréquence du rituel, ce qui finit par aggraver la situation plutôt que de résoudre son problème. La TBS se concentre sur les solutions et les stratégies adaptées à chaque personne comprise dans son contexte. Cela permet d’aider les personnes concernées (ou leurs proches) de manière constructive, en permettant un changement durable et autonome (Manzoni et al., 2016). D’autre part, ces interventions non pathologisantes et non stigmatisantes aide à maintenir la dignité et l’estime de soi des patients (Manzoni et al., 2016).
Thérapie Brève Stratégique (TBS) pour le TOC
La Thérapie Brève Systémique Stratégique (TBS) trouve ses origines dans les travaux de l’école de Palo Alto en Californie dans les années 1950 et 1960, fondée par des figures pionnières telles que Gregory Bateson, Jay Haley, John Weakland et Paul Watzlawick. Ces chercheurs ont développé une nouvelle approche de la communication humaine et des interactions. La TBS s’est ensuite diversifiée et approfondie grâce aux contributions de nombreux thérapeutes et chercheurs.
Parmi eux, Giorgio Nardone est une figure centrale. Psychologue et psychothérapeute italien, Nardone a fondé le Centre de Thérapie Stratégique à Arezzo, en Italie. Il a écrit plusieurs livres, notamment « Obsessions, compulsions, manies : les comprendre et les vaincre rapidement »(2016) où il expose des techniques spécifiques et des cas pratiques démontrant l’efficacité de la TBS.
Dans le cadre de cette approche, le TOC est abordé après une évaluation coopérative entre le thérapeute et la personne concernée, et « traité » d’une façon parfois surprenante, voire paradoxale, mais efficace.
Traitement des TOC : l’efficacité clinique d’un protocole de TBS
L’approche TBS ne cherche pas à découvrir les causes sous-jacentes du TOC, mais plutôt à se concentrer sur la manière dont le trouble est maintenu dans le présent. Cela se fait par un processus de résolution de problèmes stratégiques où le thérapeute prédit et influence les réactions du patient aux manœuvres thérapeutiques, semblable à une partie d’échecs (Pietrabissa et al., 2016).
Une étude observationnelle récente, menée par Pietrabissa et al. (2016), visait à évaluer l’efficacité clinique d’un protocole de TBS spécialement conçu pour le TOC. L’étude a recruté des participants dans une clinique de psychothérapie communautaire à Dublin, en Irlande, et a évalué les résultats à l’aide de l’échelle Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale (Y-BOCS) et de l’inventaire de dépression de Beck-II (BDI-II) au début, à la fin du traitement et trois mois après. Les participants à l’étude ont suivi une série d’interventions TBS adaptées à leurs symptômes spécifiques.
L’étude a révélé que la TBS réduisait significativement les symptômes du TOC et les niveaux de dépression. Ces résultats ont été observés à la fois à la fin du traitement et lors du suivi. Ces résultats suggèrent que la TBS peut être un traitement efficace pour le TOC, offrant une alternative viable pour les patients qui ne répondent pas bien aux thérapies traditionnelles (Pietrabissa et al., 2016).
TOC : traiter par le dialogue stratégique et les tâches thérapeutiques
Pour démanteler les symptômes du TOC l’intervenant propose un cadre thérapeutique dans lequel va s’établir une coopération pour la compréhension du problème et la recherche de solutions adaptées. Le thérapeute utilise le « dialogue stratégique » pour questionner la pertinence des pensées et des actions du patient, permettant d’envisager une perception de la réalité qui leur soit plus favorable. Par ailleurs, les personnes qui consultent sont invités à faire des observations et des expériences (prescriptions thérapeutiques). Ces tâches spécifiques à accomplir entre les séances visent à leur permettre de découvrir et expérimenter des alternatives à leur système de perception-réponse. Elles peuvent ainsi adapter leurs stratégies d’adaptation.
Pour en savoir plus sur le traitement du TOC et des troubles anxieux par l’approche systémique stratégique, la Clinique des TOC et des troubles anxieux offre des consultations spécialisées et propose des formations sur le site de LACT.
Pour aller plus loin :
NARDONE G., PORTELLI C. (2016). Obsessions, compulsions, manies : les comprendre et les vaincre rapidement. Satas, Bruxelles.
Mannarini, S., Balottin, L., & Palmieri, A. (2016). The Zulliger-SC: A new scoring system for the Zulliger inkblot method. Rorschachiana, 37(1), 1-17.
Manzoni, G. M., Rossi, A., & Pietrabissa, G. (2016). Communication in therapy: Cognitive-behavioural therapy, motivational interviewing and brief strategic therapy. PCP, 11(3), 176-188.
Pietrabissa, G., Manzoni, G. M., Gibson, P., et al. (2016). Brief strategic therapy for obsessive-compulsive disorder: A clinical and research protocol of a one-group observational study. BMJ Open, 6, e009118. Lire l’article en ligne : cliquer ici
Ruggiero, G. M., Spada, M. M., & Caselli, G. (2016). Parental bonding and metacognitions as predictors of worry in adolescents. Behavioural and Cognitive Psychotherapy, 44(1), 60-67.
Pietrabissa, G., Manzoni, G. M., Gibson, P., Boardman, D., Gori, A., & Castelnuovo, G. (2016). Brief strategic therapy for obsessive-compulsive disorder: a clinical and research protocol of a one-group observational study. BMJ open, 6(3), e009118. Lire l’article en ligne : cliquer ici