Arthrose: les femmes plus que les hommes?

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Pourquoi les femmes sont-elles plus exposées que les hommes à l’arthrose ? Comprendre les différences entre les sexes dans la biologie du cartilage permettrait de personnaliser les traitements régénératifs. Revue de littérature des découvertes récentes. 

Sur le plan clinique, il est bien établi que les hommes et les femmes diffèrent en termes de dégénérescence du cartilage. Et d’autant plus lorsque surviennent les bouleversements hormonaux liés à la ménopause? De plus en plus d’évidences scientifiques soulignent l’importance des différences entre les sexes en ce qui concerne la biologie du cartilage. Voici le compte rendu d’une revue de littérature des découvertes concernant l’anatomie du genou [1]. Elle met en lumière l’effet des hormones sexuelles sur la dégénérescence et la régénération du cartilage ainsi que sur l’application potentielle dans la thérapie par cellules souches (CS).

Les anomalies du cartilage adulte représentent un défi en médecine orthopédique, car le cartilage possède une capacité de guérison intrinsèque limitée. L’apparition de la dégénérescence du cartilage augmente avec l’âge, entraînant des maladies répandues telles que l’arthrose (OA). La dégénérescence du cartilage s’accompagne de douleurs et d’inconforts, entravant les activités de la vie quotidienne. Ces difficultés ont suscité un grand nombre de recherches sur la réparation et la régénération du cartilage. Certaines, plus récemment ont commencé à étudié les disparités liées au sexe. 

De plus en plus d’évidences scientifiques indiquent que les hommes et les femmes diffèrent dans les caractéristiques du cartilage et le risque de dégénérescence due à l’expression de gènes dépendant du sexe [2]. Ces différences doivent être prises en compte lors de la conception des études précliniques et des essais cliniques sur la réparation du cartilage [3]. Par exemple, les hommes ont un cartilage articulaire plus épais que les femmes, notamment au niveau du genou [4,5]. En conséquence, les femmes ont un risque plus élevé de développer une arthrose que les hommes, en particulier au niveau du genou après la ménopause[6]. Les femmes ont également tendance à souffrir de cas plus graves d’arthrite du genou et sont plus de trois fois plus susceptibles d’être candidates à une arthroplastie totale du genou ou de la hanche que les hommes[5].

Les cliniciens l’ont remarqué, les femmes sont plus nombreuses à souffrir de leurs articulations que les hommes. Elles ont un risque d’arthrite et d’arthrose plus élevé que les hommes. Les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène sont encore à l’étude. Cependant, une diminution des œstrogènes après la ménopause semble être une tendance sous-jacente chez les femmes atteintes d’arthrose, ce qui conduit à la conclusion que les œstrogènes sont un facteur important dans la dégradation du cartilage et peuvent être complétés pour le traitement et la prévention de l’arthrose chez les femmes. Cependant, les hommes peuvent également développer une dégénérescence du cartilage. Bien que les hommes ne répondent pas au traitement aux œstrogènes comme les femmes, les hommes ont répondu au traitement à la testostérone, ce qui indique que les androgènes jouent également un rôle dans l’arthrose. Ces distinctions dans la réponse basée sur le sexe aux thérapies hormonales indiquent la présence de variations dans les options de traitement entre les sexes. Comprendre les différences entre les sexes et les biomarqueurs permettrait aussi des diagnostics plus précoce et le développement d’options de traitement spécifiques au sexe.

Pour la régénération du cartilage, la thérapie cellulaire est une approche prometteuse. Les cellules souches dérivées du patient, rajeunies et cultivées in vitro, pourraient être injectées ou implantées pour combler les défauts du cartilage. Cette thérapie a le potentiel de réduire la morbidité, la mortalité et les coûts économiques liés aux complications des techniques chirurgicales traditionnelles [7].

En ce qui concerne l’articulation du genou, des expérimentations manquent encore pour déterminer l’influence du sexe du donneur des cellules souches sur le potentiel régénérateur du traitement cellulaire. Certaines études concluent que les CS des donneurs masculins ont un potentiel chondrogénique plus important. Cependant, d’autres études n’ont montré aucune différence significative dans la qualité des CS entre donneurs masculins et féminins en bonne santé. L’impact du sexe du receveur sur l’efficacité des méthodes de réparation du cartilage est également sujet à débat et nécessite davantage de recherches. Sur certaines études, le traitement semble bénéficier davantage aux hommes, les femmes ayant moins de succès. Toutefois, ces conclusions peuvent être faussées par la probabilité que chez les sujets observés, les femmes aient des anomalies cartilagineuses plus graves que les hommes, car d’autres études ne montrent pas de différences significatives dans les résultats des traitements chirurgicaux. Hélas, la conception de la plupart des études actuelles ne permet pas encore de tenir compte de la variabilité sexuelle, ni de nombreux autres facteurs. 

Ainsi, dans les études sur l’arthrose du genou, les facteurs liés à l’obésité et à l’origine ethnique croisées avec les différences liées au sexe, ne sont pas largement abordés. Ils peuvent être influencés par le mode de vie et des facteurs socio-économiques. Dans une optique de médecine centrée sur la personne, de nombreux facteurs sont sans doute nécessaires à prendre en compte. C’est sans doute une pratique qui devrait s’étendre dans tous les domaines de la santé.

Pour aller plus loin:

1. Patel J, Chen S, Katzmeyer T, Pei YA, Pei M. Sex-dependent variation in cartilage adaptation: from degeneration to regeneration. Biol Sex Differ. 2023 Apr 5;14(1):17. doi: 10.1186/s13293-023-00500-3. PMID: 37024929; PMCID: PMC10077643.

2. Boyan BD, Tosi LL, Coutts RD, Enoka RM, Hart DA, Nicolella DP, et al. Addressing the gaps: sex differences in osteoarthritis of the knee. Biol Sex Differ. 2013;4(1):4. doi: 10.1186/2042-6410-4-4. [PMC free article] [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

3. Zumwalt M, Reddy AP. Stem cells for treatment of musculoskeletal conditions—orthopaedic/sports medicine applications. Biochim Biophys Acta Mol Basis Dis. 2020;1866(4):165624. doi: 10.1016/j.bbadis.2019.165624. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

4. Cicuttini F, Forbes A, Morris K, Darling S, Bailey M, Stuckey S. Gender differences in knee cartilage volume as measured by magnetic resonance imaging. Osteoarthr Cartil. 1999;7(3):265–271. doi: 10.1053/joca.1998.0200. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

5. O’Connor MI. Sex differences in osteoarthritis of the hip and knee. J Am Acad Orthop Surg. 2007;15(Suppl 1):S22–S25. doi: 10.5435/00124635-200700001-00007. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

6. Srikanth VK, Fryer JL, Zhai G, Winzenberg TM, Hosmer D, Jones G. A meta-analysis of sex differences prevalence, incidence and severity of osteoarthritis. Osteoarthr Cartil. 2005;13(9):769–781. doi: 10.1016/j.joca.2005.04.014. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

7. Toh WS, Foldager CB, Pei M, Hui JH. Advances in mesenchymal stem cell-based strategies for cartilage repair and regeneration. Stem Cell Rev Rep. 2014;10(5):686–696. doi: 10.1007/s12015-014-9526-z. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]

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