L’impératif de réussite amène un stress intense chez un nombre croissant de personnes. Une anxiété de performance peut mettre littéralement sur les dents, hommes, femmes et enfants. La pression ressentie à l’idée de prouver sa valeur se reporte sur le corps. Vouloir exceller constamment peut donc avoir des répercussions significatives sur la santé mentale et physique. Cet article propose une revue de la littérature scientifique sur ce phénomène, en explorant ses manifestations, ses effets sur la santé, et les approches thérapeutiques pour y faire face.
La peur de l’évaluation sociale peut générer de l’anxiété sociale, exacerbée par la peur du jugement négatif qui pourrait amener à la perte des relations importantes. Cette pression conduit à des manifestations psychosomatiques telles que les douleurs musculaires ou les troubles du sommeil (Schachter, 1964).
Anxiété de performance : origines et manifestations
L’anxiété de performance se caractérise par une appréhension excessive face à des situations d’évaluation, souvent accompagnée d’une peur intense de l’échec ou du jugement négatif (Zeidner, 1998, p. 17).
Le bruxisme, en particulier, est souvent associé à ce type de stress. Selon une étude de Winocur et al. (2011, p. 67), « Le bruxisme du sommeil est significativement plus fréquent chez les individus rapportant des niveaux élevés de stress lié au travail et d’anxiété de performance. »
Beaucoup des personnes que j’accompagne à réduire leur bruxisme dû au stress ont fait des études supérieures. Elles ont réussi, mais il semble que plus elles réussissent professionnellement, plus leur anxiété d’être à la hauteur augmente -si c’est le cas pour vous, ne serait-ce pas le moment d’un traitement de fond pour améliorer la confiance en soi? (+ d’info ? je clique ici)
Cette forme d’anxiété peut trouver ses racines dans des expériences passées, comme le souligne Dugas et Robichaud (2007, p. 45) : « Les expériences d’apprentissage précoces, notamment lors de la scolarité, peuvent façonner durablement les attitudes face à la performance et au jugement social. » C’est ce que j’appelle « le syndrome classe prépa » dans ma pratique auprès des personnes qui souffrent des effets du bruxisme. Face aux exigences et à la peur de ne pas être à la hauteur, la personne littéralement « serre les dents ».
Anxiété de performance : tentatives de solution
Dans le contexte professionnel, l’anxiété de performance peut se manifester par une auto-exigence excessive et une pression intense pour réussir rapidement et sans erreur. Comme le notent Lavigne et al. (2008), la pression de devoir performer immédiatement peut déclencher une réponse de stress intense, souvent accompagnée de symptômes physiques comme le bruxisme.
Cependant, nous constatons souvent dans la pratique, que cette exigence de performance peut s’étendre à tous les domaines de la vie personnelle. La personne va se trouver en hyper stress car il ne s’agit plus « seulement » de réussir à garder son job ou briller dans sa « carrière », mais aussi d’être performant.e physiquement, culturellement, familialement, socialement… devenir la meilleure version de soi-même dans tous les domaines peut conduire à la Fatigue d’être soi (Ehrenberg, 1991, 1998) Media.
Dans ces conditions, les multiples effets du stress lié à l’anxiété de performance peuvent affecter profondément la santé globale de l’individu. Sur le plan psychologique, on observe les signes d’anxiété et les effets des tentatives de solution pour palier à la surcharge mentale ou à l’irritation émotionnelle. Par exemple, certaines personnes augmentent leur consommation de stimulants pour tenter de tenir bon, et par ailleurs, recourent à des stratagèmes pour se calmer et récupérer un peu de sommeil : sucre, thé, café, tabac, alcool… pilules et poudre de merlin zinzin…
Ces tentatives de solution n’arrangent rien, hélas, elles empirent la situation. Car elles conduisent à plus de dérèglements physiologiques, émotionnels et cognitifs. Quelles meilleures stratégies adopter pour performer sans se déglinguer ? Les solutions adaptées doivent être recherchées par une approche personnalisée, comme peuvent le faire les approches systémique et stratégiques, dites thérapies brèves.
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Voir également notre article : Anxiété de performance : impacts sur la santé et approches thérapeutiques
Références pour aller plus loin
Ehrenberg, A. (1998). La fatigue d’être soi, Odile Jacob.
Dugas, M. J., & Robichaud, M. (2007). Cognitive-behavioral treatment for generalized anxiety disorder: From science to practice. Routledge.
Kabat-Zinn, J., & Williams, J. M. G. (2003). Mindfulness-based cognitive therapy for depression: A new approach to preventing relapse. Guilford Press.
Lavigne, G. J., Khoury, S., Abe, S., Yamaguchi, T., & Raphael, K. (2008). Bruxism physiology and pathology: an overview for clinicians. Journal of oral rehabilitation, 35(7), 476-494.
Meichenbaum, D. (2007). Stress inoculation training: A preventative and treatment approach. Principles and practice of stress management, 3, 497-518.
Nardone, G., & Watzlawick, P. (2005). L’Art du changement, éditions l’Esprit du temps.
Winocur, E., Uziel, N., Lisha, T., Goldsmith, C., & Eli, I. (2011). Self-reported bruxism – associations with perceived stress, motivation for control, dental anxiety and gagging. Journal of oral rehabilitation, 38(1), 3-11.
Zeidner, M. (1998). Test anxiety: The state of the art. Springer Science & Business Media.
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