Déjouez le stress de rentrée!

Déjouez le stress de rentrée! post thumbnail image

Le stress de la rentrée ne concerne pas seulement les scolaires. Pour beaucoup d’adultes, la fin de l’été et le retour au travail s’accompagnent d’une dose de stress. Comment les recherches peuvent expliquer ce phénomène sur la base des mécanismes cognitifs et anatomiques et la physiologie des émotions ? Voici 5 hypothèses, pour comprendre comment le corps et l’esprit réagissent en fonction des facteurs bio-psycho-sociaux, et quelques conseils pour répondre au stress de la rentrée.

La période de rentrée des classes est un moment un peu spécial pour beaucoup d’entre nous, petits ou grands. Cela peut-être excitant de revenir « à pied d’œuvre » mais cela peut aussi être ressenti comme pénible. Finies les ballades au soleil… On ne retourne pas si joyeusement dans la boite ? Si vous ressentez de la tristesse, de la nervosité ou de l’anxiété en cette période de l’année, des mesures pratiques peuvent vous aider, adaptées à votre situation.

Stress de la rentrée : pour petits et grands

Le stress, tout le monde connait, pour toutes sortes de raisons. Rappelons que sur le plan physiologique, le stress est d’abord une réaction d’adaptation naturelle. Il est sain que l’organisme se prépare à faire face aux défis. En revanche, il n’est pas souhaitable de rester en état d’alerte sur une longue période. Cette mobilisation physiologique est prévue pour nous permettre de fuir ou combattre. Elle ne nous rend pas très intelligent et elle très coûteuse physiquement. Il est donc important d’apprendre à modérer cette excitation.

Sur le plan physiologique, les émotions (et donc le stress) sont régulées par le système limbique, en particulier l’amygdale et l’hippocampe, qui jouent un rôle clé dans la gestion des réponses au stress (LeDoux, 2000). Sous l’effet du stress, ces structures cérébrales activent l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), entraînant une libération accrue de cortisol et d’adrénaline (Sapolsky, 2004). Ces hormones favorisent la vigilance, augmentent la fréquence cardiaque et induisent une tension musculaire, y compris au niveau de la mâchoire, exacerbant ainsi le bruxisme (Rompré et al., 2007). Donc, ressentir un peu de stress à la rentrée, c’est ok… mais avec modération.

Vous avez des enfants ? Vous stressez de les sentir en stress à la rentrée ? Vous pouvez partager les bonnes pratiques avec vos enfants. Il n’y a pas d’âge pour apprendre à « gérer son stress ». Les études tendent à montrer l’efficacité des programmes scolaires sur ce sujet (Kraag et Al., 2006). Pour eux comme pour vous, demain est un autre jour. Celui de la rentrée… ce n’est que le début. Relâcher avant d’aller se coucher paisiblement est une bonne habitude. Cela permet de reprendre des forces. Cela évite de passer la nuit à serrer les dents.

Stress : 5 hypothèses bio-psycho-sociales

Précisément, quels sont les sujets qui vous mettent sur les dents ? En cherchant dans les publications scientifiques, nous avons identifié 5 hypothèses qui peuvent expliquer l’impact du stress en fonction des facteurs bio-psycho-sociaux, c’est à dire des caractéristiques individuelles et des contextes de vie spécifiques. Vous reconnaissez-vous plus particulièrement dans l’une ou l’autre de ces situations ? N’hésitez pas à cliquer sur les liens pour plus de détail.

Hypothèse 1 : Tristesse ? Le retour aux routines et l’ennui professionnel.

Après l’été en liberté vient l’automne monotone ? Vous sentez-vous triste ou sans enthousiasme? Le manque de nouveauté et de défis peut réduire la dopamine, un neurotransmetteur lié à la motivation et au plaisir (Ryan & Deci, 2000). De quoi auriez-vous envie ?

Hypothèse 2 : Syndrome de la surcharge mentale. Pour une personne surchargé.e tout au long de l’année, la fin des vacances peut entraîner une suractivation du cortex préfrontal. C’est d’autant plus stressant que la pression est forte à répondre aux attentes sociales et familiales. Plus d’info par ici

Hypothèse 3 : Retour de la pression de performance. La pression de devoir performer (et rapidement!) peut déclencher une réponse de stress intense, souvent accompagnée de symptômes physiques comme le bruxisme (Lavigne et al., 2008). L’appréhension d’être soumis à évaluation peut générer de l’anxiété sociale. Attention, éviter les épreuves pourraient renforcer cette anxiété, au risque de procrastiner trop longtemps. Plus d’info par ici

Hypothèse 4 : Incertitude économique et stress d’anticipation. La rentrée est parfois un dur retour au réalité. La période est aux arbitrages budgétaires… et au stress d’anticipation. L’anxiété quant aux événements futurs incertains (Lazarus & Folkman, 1984) peut accompagner l’incertitude et entraîner une hyperactivation de l’amygdale, le centre émotionnel du cerveau, provoquant des réponses de peur et de vigilance accrue (LeDoux, 2000). A modérer pour rester créatif et serein. Plus d’info par ici

Hypothèse 5 : Manque de relations de qualité et de soutien social. Après avoir profité des vacances en joyeuses tribus, le retour au bureau peut être tristounet, pour qui ne se sent pas en très bonne compagnie. Les études montrent que le manque de soutien social est un facteur majeur de stress chronique (Cohen & Wills, 1985). Si vous travaillez en solo, une forme d’isolement social peut-être accentuée au moment où les autres reprennent des routines structurées et socialisantes. Plus d’info par ici

Stress : une autre hypothèse encore

Cependant avant d’aller chercher plus loin, observons ce qui pendant les vacances aurait pu préparer le stress de la rentrée. Il n’est pas toujours très agréable de reprendre un rôle d’adulte mature, mais tenir les rennes de sa vie est encore le meilleur moyen d’assurer son bien-être. En repensant à la période écoulée, pourriez-vous repérer ce que vous pourriez vous épargner l’année prochaine ? Par exemple, avez-vous profité des vacances pour reprendre des forces ou pour faire TOUT ce que vous n’avez pas le temps de faire d’ordinaire ? Avez-vous profité des vacances pour alléger un peu votre hygiène de vie des excès de la vie contemporaine, ou avez-vous totalement lâché les rennes ? Il ne s’agit pas de vous culpabiliser mais plutôt de reconnaitre les ingrédients de votre état de lassitude ou d’agitation. C’est quelque fois la rentrée dans des habitudes plus sages qui peut nous être le plus utile…. Au moins jusqu’aux prochaines vacances.

Un exercice simple pour identifier les sources de stress

Pour aider à comprendre ce qui génère du stress à la rentrée, voici un petit exercice d’observation basés sur les approches systémiques et stratégiques : Tenir un carnet de bord des émotions et des déclencheurs.
Chaque soir, notez les événements de la journée qui ont suscité des réactions émotionnelles fortes, qu’elles soient positives ou négatives. Identifiez les déclencheurs possibles (par exemple, une pensée pénible (ex. je vais pas être à la hauteur), une tâche inintéressante, une conversation stressante…). Observez les circonstances et notez les sensations physiques ressenties (par exemple: battement de cœur accéléré, tension dans la mâchoire…). En identifiant ce qui vous met sur les dents (le problème) vous pourrez plus facilement formuler votre objectif… pour trouver une meilleure solution.

Références

  • Cohen, S., & Wills, T. A. (1985). Stress, social support, and the buffering hypothesis. Psychological Bulletin, 98(2), 310-357.
  • Erickson, M. H. (1980). Collected Papers of Milton H. Erickson on Hypnosis. New York: Irvington.
  • Lazarus, R. S., & Folkman, S. (1984). Stress, Appraisal, and Coping. New York: Springer.
  • LeDoux, J. E. (2000). Emotion Circuits in the Brain. Annual Review of Neuroscience, 23(1), 155-184.
  • Lavigne, G. J., Khoury, S., Abe, S., Yamaguchi, T., & Raphael, K. (2008). Bruxism physiology and pathology: An overview for clinicians. Journal of Oral Rehabilitation, 35(7), 476-494.
  • McEwen, B. S. (2007). Physiology and neurobiology of stress and adaptation: Central role of the brain. Physiological Reviews, 87(3), 873-904.
  • Minuchin, S. (1974). Families and Family Therapy. Cambridge, MA: Harvard University Press.
  • Nardone, G. (1993). Brief Strategic Therapy: Philosophy, Techniques, and Research. San Francisco: Jossey-Bass.
  • Rompré, P. H., Daigle-Landry, D., Guitard, F., & Montplaisir, J. Y. (2007). Identification of a sleep bruxism subgroup with a higher risk of pain. Journal of Dental Research, 86(9), 837-842.
  • Ryan, R. M., & Deci
  • Gerda Kraag, Maurice P. Zeegers, Gerjo Kok, Clemens Hosman, Huda Huijer Abu-Saad, School programs targeting stress management in children and adolescents: A meta-analysis, Journal of School Psychology, Volume 44, Issue 6, 2006, Pages 449-472, ISSN 0022-4405, https://doi.org/10.1016/j.jsp.2006.07.001.

articles connexes